07 May 2020 11:00
đ§ COVID19 - Joan Tronto : "Organiser la vie autour du soin plutĂŽt que du travail dans l'Ă©conomie changerait tout"
by decembreLe soin est un pilier de la vie de chacun. Pourtant, nous reléguons souvent le care aux activités de second plan et considérons que notre vie réelle est faite des activités rémunérées pour lesquelles nous nous engageons sur une période de vie relativement courte.
Supposons que nous arrĂȘtions de penser le monde par le biais des catĂ©gories qui nous permettent de le penser aujourdâhui, telles que la productivitĂ©, la crĂ©ation et la prĂ©servation des richesses.
Supposons que nous nous concentrions davantage sur les maniĂšres de donner et recevoir les soins, que nous soyons enfants, ĂągĂ©s, infirmes, que ce soit pour se nourrir ou se vĂȘtir, et combien ces attentions constituent un pan essentiel de notre vie quotidienne.
Organiser la vie autour des soins plutÎt que du "travail" dans "l'économie" changerait tout, de la façon dont nous passons nos journées à la façon dont nous pensons aux autres.
Ironiquement, cette crise des soins semble rendre à de nombreuses personnes ce qui leur avait été dérobé par les crises de soins précédentes : le temps.
Bien soigner prend du temps. On ne peut se targuer de sâoccuper dâun enfant en programmant le temps quâon dĂ©die pour lui, tel quâon le ferait pour une rĂ©union de travail. Beaucoup commencent Ă se rendre compte que si "le temps, c'est de l'argent", alors les soins sont coĂ»teux.
C'est peut-ĂȘtre la raison pour laquelle les soignants ne reçoivent jamais leur juste rĂ©compense : cela coĂ»terait simplement trop cher.
DĂ©sormais confrontĂ©s Ă lâĂ©vidence, quel autre choix avons-nous que de faire face Ă cette crise des soins ?
Comment la société peut-elle fonctionner de façon démocratique, donner à chacun un pouvoir politique égal, si certains peuvent, en utilisant les ressources de la richesse, se libérer de leur juste part de soins ?
De cette crise Ă©mergeront peut-ĂȘtre plusieurs prises de conscience : le besoin de soin, la nĂ©cessitĂ© d'une rĂ©munĂ©ration et d'un soutien justes et Ă©quitables pour le travail de soins et, enfin, celle d'ĂȘtre reconnaissants pour les soins que nous dispensons et ceux que nous recevons.
Alors, Ă partir de ce point de dĂ©part, lâidĂ©e de gagner une "guerre" et de reconstruire l'Ă©conomie prend une tout autre tournure.
Nous aurons besoin de nouveaux critÚres pour évaluer nos sociétés :
dans quelle mesure, Ă tour de rĂŽle, serons-nous capables dâĂȘtre soignĂ© mais aussi de prendre soin dâautrui ? Câest bien cela, notre travail de la vie rĂ©elle.
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